La science fait des miracles, mais la nature aussi...
Cet article est un témoignage personnel
En essai-bébé infructueux depuis 2 ans, mon mari et moi avons fait appel à la PMA, tout à fait confiants.
En effet, j'étais moi même mère d'une petite fille issue d'une précédente union. Grossesse spontanée après 4 mois sans contraception, donc a priori, un petit coup de pouce de la médecine devait solutionner notre problème rapidement... ou non?
Nous avons d'abord dû faire face au contexte post incendie du CHU et post Zika, donc une PMA amputée de son laboratoire, de nombreux couples en attente et des conditions de prises en charge limitées. Néanmoins, nous avons pu avoir un rendez-vous rapidement.
Après la batterie d'examens habituels, on apprend que mon mari OATS, mais rien d'insurmontable en PMA... Mais le couperet tombe quand nous apprenons que je souffre d'une insuffisance ovarienne précoce (IOP) du haut de mes 32 ans...
Ma réserve ovarienne étant en fin de stock, l'équipe médicale nous explique que chaque cycle compte et qu'il y a urgence à mettre en place un protocole, une FIV ICSI précédée d'une stimulation pour moi. Toutefois, le contexte local ne permet pas d'envisager un suivi à la PMA de Guadeloupe, nous sommes redirigés vers un professeur parisien intervenant dans le privé.
Deux mois plus tard, nous étions en partance pour Paris. Là bas, si le professeur accepte de démarrer les stimulations pour moi, son pronostic n'est pas optimiste, car les femmes IOP, ne répondent pas toujours aux hormones... mais on tente le coup.
De retour en Guadeloupe, je commence les traitements de stimulations hormonales, accompagnée par le centre PMA pour les contrôles durant le cycle. Ma vie se transforme en un feuilleton médical, tout tourne autour des traitements... Difficile de continuer à supporter la routine quand on doit jongler entre les injections, les échos, les sautes d'humeur, la prise de poids...
Mais le pire a été de devoir à 2 reprises interrompre le traitement parce que mes ovaires ne répondaient pas aux traitements. A la fin du mois de Juin de cette année là, le professeur parisien m'appelle et me dit:
"Madame, je suis vraiment désolé, mais au regard des résultats obtenus durant vos 2 stimulations, cela ne sert à rien de continuer... ça ne marchera pas. Je vous invite donc à envisager le don d'ovocytes... en Espagne par exemple, je vous enverrai les informations. Mais il y a une chance sur des millions de tomber enceinte naturellement, a priori c'est fini, encore désolé".
A ce moment là, un vrai travail de deuil commence pour nous... Nous n'aurons pas d'enfant par nous même. Pour moi, je n'aurais pas d'enfant issu de mes gamètes. Peut-être n'aurons-nous jamais d'enfant... Quelles solutions, plein de questions fusent: l'adoption? l'Espagne? on laisse tomber?
Nous en avons le cœur brisé. Notre couple, notre vie intime, tout est à l'arrêt... Je regarde mon aînée en réalisant qu'elle est un miracle... Je ne comprends pas pourquoi j'ai pu enfanter cette fois-ci et que là, plus rien, je suis encore jeune... Je consulte la psychologue de la PMA chaque semaine, je suis complètement déprimée. Mon mari et moi vivons notre souffrance chacun de notre côté... avec beaucoup de silences.
Le cycle suivant, après ma 2ème stimulation avortée, dure une éternité, mais ça arrive me dit-on... j'attends le retour des anglais, J+54... Toutefois, dans un automatisme hasardeux, je fais un test pipi pour la gloire... et là GROS BUG: IL EST POSITIF!!!!!!!!!!!!!!!! Il est 5H30 du matin fin juillet de cette année là.
Je me douche en urgence, et cours au laboratoire, Test sanguin. 12H30: IL EST POSITIF.
J'en informe la PMA qui me propose une écho dans la semaine afin de vérifier qu'il s'agit d'une grossesse évolutive. Mon mari et moi nous rendons au rendez-vous inquiets, sceptiques. Et là, nous voyons le petit clignotant sur l'écran... un cœur qui bat. Je démarre rapidement un suivi avec un gynéco de ville qui découvre avec stupéfaction notre parcours et s'implique à 200% dans cette grossesse miracle.
Les maux de grossesses se font bien sentir pour ce 1er trimestre. Je suis vraiment fatiguée, malade. Nous commençons doucement à nous projeter sur ce bébé qui arrive.
Rdv à 12 SA, pour la déclaration de grossesse, le gynéco me présente le carnet de grossesse, les examens sont bons, et puis nous faisons l'écho de contrôle... Il devient silencieux, son visage se fige, je regarde l'écran, je ne comprends pas la forme de l'embryon au regard du terme, je ne comprends pas où est le clignotant... Il nous dit:
"Madame, Monsieur, Je suis désolé, vraiment désolé, mais la grossesse s'est arrêtée et vu la taille de l'embryon, cela date de 2 semaines..."
Comment après avoir perdu tout espoir, retrouvé tout espoir, nous perdons à nouveau tout espoir... Je suis anéantie. On me parle d'aspiration sous anesthésie générale, d’hôpital tout de suite... Les semaines qui suivent sont sombres...
Mon mari et moi souffrons, notre vie intime continue d'être très impactée... pas d'envie ou très peu. J'ai l'impression que mon corps ne m'appartient même plus entre la PMA, la fausse couche... Je reste enfermée pendant plus d'un mois... Puis la vie reprend son cours... doucement, mais je ne suis plus la même. Je vais voir des ostéopathes, la psy, des magnétiseurs/réflexologues, des hypnotiseurs... je veux dépasser cette épreuve... arriver à me reconstruire, ne pas rester un corps triste et malade.
Un mois plus tard, je souffre du dos. J'ai une lombalgie qui traîne depuis la fausse couche qui devient brutalement aiguë, je suis complètement bloquée... mécaniquement, je continue mes calculs de cycle menstruel, et je constate qu'à cette date, je devrais être en nidation... si dans un hasard ultime, le miracle se reproduisait...
A la date présumée de mes règles, sans attendre de retard, je fais un test, toujours pour la gloire, et là mon mari et moi sommes dépassés, je suis à nouveau enceinte... deux fois d'affilée le miracle se produit.
Mon gynéco qui avait été fortement choqué lui aussi suite à ma fausse couche m'avait dit qu'en cas de nouvelle grossesse de l'appeler immédiatement pour la mise en place d'un traitement de choc préventif, même si la cause de celle-ci n'avait pas été identifiée. Je suis donc ses instructions, il n'en croit pas ses oreilles.
Il me reçoit immédiatement, la grossesse est confirmée évolutive... et là s'en suit une angoisse quotidienne de voir cette grossesse s'arrêter à nouveau, sans le savoir. Alors toutes les raisons me conduisent aux urgences... juste histoire de contrôler... ou à la PMA, juste histoire de contrôler... Je me pique quotidiennement, prends des médocs. J'ai des bleus sur toutes mes cuisses, mes fesses, mes hanches. Mais il faut tout faire pour garder ce bébé.
Un mois, deux mois, trois mois, je passe le cap des 12 SA, on souffle un peu mais pas trop. On sera sans doute inquiet jusqu'au bout. Quatre mois, Cinq mois... C'est une fille... Ooooh. Il y a un diabète gestationnel, oooooh. Une impression de malchance persistante. Une hyper médicalisation qui s’accroît, la frustration de la diète, une surveillance anxiogène. J'entame le dernier trimestre dans un stress toujours aussi présent et ce sera le cas jusqu'au bout... Une glycémie fluctuante, des hypos, des hypers... et en bout de course un déclenchement... accouchement épique (je tairai les détails ici).
Bref, elle est ENFIN arrivée parmi nous, ce petit miracle de vie... en pleine santé.
C'est au moment où on y croyait plus que la nature a fait son oeuvre.
Conclusion: La science peut faire des miracles, mais la nature aussi...
Je remercie les professionnels du centre PMA de Guadeloupe, qui m'ont supporté dans tous mes états et m'ont accompagnée dans les bons comme les mauvais moments. Une équipe extraordinaire, je les adore.
Je remercie mon gynécologue, un médecin d'une humanité sans faille. Il a été l'homme de la situation, toujours à l'écoute et disponible. Engagé jusqu'au bout de ce projet de vie. Sa foi en ce possible nous a beaucoup aidé à affronter cette épreuve et y croire à nouveau.
Je remercie l'univers d'avoir permis ce miracle...
Je sais que nous avons vécu 3 années compliquées, marquées par du silence, de la souffrance, de l'impatience, du désespoir, puis de l'espoir et de la joie.
HUMILITÉ ET RECONNAISSANCE!
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